Ce dossier a mobilisé la Fédération départementale de pêche 73 et l’AAPPMA Lacs et Torrents pendant 6 ans et 3 équipes municipales l’ont traité. C’est dire la complexité du problème qui, non seulement était technique mais aussi politique, puisqu’il s’agissait d’intervenir sur une infrastructure sportive emblématique de la Tarentaise.
Au final, même s’ils n’ont pas été totalement respectés, les enjeux piscicoles ont été pris en compte, tout en respectant les intérêts de la pratique du canoë – kayak.
Les travaux qui ont commencé mi–Avril, et se sont terminés une semaine plus tard !
- Un bassin d’eau vive de renommée mondiale mais qui, contrairement à la loi, était un obstacle à la montaison.
Reconstruit à la hâte en 1997 après la crue dévastatrice de l’Arbonne, le bassin de slalom a nécessité de nombreux ouvrages, seuils et épis, qu’il a fallu consolider au fil des années. Certaines sections de forte pente et de resserrements créaient des vitesses d’écoulement excessives qui limitaient ou empêchaient la montaison des truites.Sur la base d’une température de 5°, pour un poisson de 20 cm et d’une vitesse de nage de 1,5 m/s, le stade était peu franchissable : 13 % du temps du mois de Septembre et 4 % des mois d’Octobre et de Novembre. Le reste de l’année, seule 20% de la population peut remonter en continu.Or, depuis 1990, l’Isère est classée cours d’eau à migrateur au titre du Code de l’environnement, ce qui oblige tout ouvrage artificiel à être rendu franchissable en toute situation. - Un compromis à minima
L’application stricte de la loi aurait exigé la reprise de la quasi-totalité du stade d’eau vive. Les collectivités piscicoles ont accepté un compromis qui consiste à améliorer la franchissabilité durant la période préférentielle de montaison.Il s’agit, par des modifications partielles (déplacement de blocs, raccourcissement d’épis, création de passes en pied de rive…), de permettre en Septembre-Octobre la montaison à des débits de 5 à 10 m3 /s, la vitesse après aménagement ne devant pas dépasser 1,5 m/s. Pour des débits supérieurs et sur le reste de l’année, le stade restera un obstacle. - Deux bras dont la fonctionnalité est améliorée
Le bras dit d’Arc aventure et celui du Ranch avaient fait l’objet d’une réouverture en 1997, dans le cadre de mesures compensatoires.A certains débits, ils ne sont plus ou mal alimentés. Il a été convenu d’améliorer leur connectivité avec l’Isère car ils constituent des zones de fraie et de refuge. - Des aides financières considérables.
Le coût des travaux s’élève à 18 960 €. Dont 50 % sont financés par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, 15 % par la Région, 15 % par le Conseil général. 20 % restent à la charge de la commune.
Le coût du suivi de la franchissablité est estimé à moins de 3.000 €. - Des travaux soigneusement encadrés et évalués.
Les travaux en cours ont fait l’objet d’un arrêté d’autorisation préfectoral. Ils se font sous contrôle du bureau d’étude TEREO et de la Direction des Territoires.
Durant le chantier et après, des essais à différents débits serviront à vérifier d’une part, la compatibilité des nouveaux aménagements avec la navigation et d’autre part, la réduction des vitesses d’écoulement espérées.Par ailleurs, la Fédération de pêche de Savoie marquera, à l’entée aval du stade, par la méthode des transpondeurs, 250 truites Fario. Cette opération permettra de suivre les déplacements de population et donc de savoir si l’objectif retenu vis-à-vis de la montaison a été atteint. - Une obligation de résultats.
Le suivi des travaux et des résultats est d’autant plus important que de par la loi, la commune de Bourg St Maurice est dans l’obligation d’atteindre les objectifs qui ont été fixés sur la base de la continuité écologique.
Ainsi, au vu de toutes les discussions et négociations qui ont été nécessaires, ce dossier est bien le reflet de presque toutes les problématiques relatives aux milieux aquatiques :
L’eau et les milieux associés sont l’objet de multi usages, donc de conflits.
Mais les lois permettent une prise en compte de ces dits milieux.
C’est dans ce contexte que 6 années ont été nécessaires pour que certains de nos interlocuteurs intègrent enfin l’enjeu piscicole et que des travaux puissent être engagés sur le stade d’eau vive de Bourg St Maurice.